Nous avons maintenant franchi le point de bascule sur les questions environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) : elles sont omniprésentes et constituent une réalité dans le monde entier. Les collectivités, les gouvernements et les clients de tous les marchés prêtent attention aux facteurs ESG, tendance accentuée par les médias qui ne manque pas de susciter l’intérêt des investisseurs.
Le 10 mars 2021, l’Union européenne a appliqué le Sustainable Finance Disclosure Regulation (SFDR). Ce règlement oblige tous les participants du marché financier de l’Union européenne à publier des informations sur les questions ESG. D’autres exigences s’imposent sur les produits financiers liés aux objectifs de développement durable. Le but est d’augmenter la transparence et de faciliter la compréhension qu’ont les investisseurs de l’importance que revêtent les facteurs ESG et la durabilité pour leurs investissements. La Securities and Exchange Commission (SEC) des États-Unis a emboîté le pas cinq jours plus tard en déclarant qu’en ce qui concerne le climat et les facteurs ESG, son rôle principal consiste à fournir de l’information et à s’assurer que les données importantes sont communiquées rapidement aux différents marchés.
La divulgation obligatoire des facteurs ESG n’est pas si lointaine. Les industries telles que les secteurs minier ou pétrogazier sont scrutés à la loupe puisqu’ils font affaire avec des clients et des organismes de réglementation de plus en plus informés. Bon nombre de ces entreprises ont investi des sommes importantes dans la réduction d’émissions, l’intégrité de la chaîne d’approvisionnement, la sécurité des employés et la réhabilitation des terres. Étant donné que la réglementation sera appelée à devenir plus stricte, il devient essentiel pour ces entreprises de communiquer leurs objectifs et leurs réalisations.
Les organisations qui font une transition de bonne foi vers des modèles d’affaires à consommation et à émission réduites seront mieux outillées pour s’adapter aux opinions et aux lois changeantes et attireront plus facilement les investisseurs.
Toutefois, il arrive que l’objectif de poser un geste écologique soit relégué à l’arrière-plan.
Un protocole existe pour classer les émissions de gaz à effet de serre (GES) en trois champs d’application, comme l’illustre l’image ci-après. Prenons pour exemple la société minière X qui a analysé son portefeuille d’activités et a identifié un actif qui s’inscrit dans le champ d’application 1, lequel est responsable d’importantes émissions. Il s’agit peut-être d’une mine de cuivre, d’une centrale thermique au charbon, d’une cimenterie ou d’une autre entité dont les activités en aval et en amont émettent une grande quantité de GES. Dans une tentative de gagner la faveur des investisseurs, des banques et des autres parties prenantes, la société peut songer à se séparer de l’actif et à le vendre à un autre exploitant.
Empreinte carbone : Définitions des catégories
Le problème de cette stratégie, c’est qu’elle n’ajoute aucune valeur. Elle n’aura aucune incidence concrète sur les objectifs du Pacte mondial des Nations Unies, dont ceux touchant le développement durable. Les investisseurs reconnaîtront que le risque associé à l’organisation est moins élevé, mais ils sauront également qu’elle n’a pas contribué à l’objectif plus ambitieux de réduire les émissions de GES.
Dans ce cas, comment la société X pourrait-elle faire un premier pas vers le développement durable? Elle devra commencer par revoir sa stratégie et sa culture – sa façon de faire – et entreprendre une panoplie complète d’actions.
L’une des premières étapes cruciales consisterait à déterminer lequel des facteurs ESG pourrait contribuer significativement à la réussite à court et à long terme de la société. La direction devra réfléchir à la manière de réduire les émissions de GES dans les trois champs d’application et tenir compte d’autres enjeux environnementaux comme l’utilisation de l’eau ou la gestion de la biodiversité. Elle pourra par la suite traiter des enjeux sociaux et de gouvernance comme la sécurité des employés, la fiscalité environnementale, l’équité salariale, la diversité, l’équité et l’inclusion.
La direction et le conseil d’administration doivent arriver à un consensus quant aux facteurs qui contribueront le plus à l’atteinte des objectifs d’affaires stratégiques. Seuls ces facteurs seront considérés comme étant « significatifs sur le plan financier ».
Afin de s’assurer qu’ils sont importants et pertinents, la société doit en discuter avec les parties prenantes, parmi lesquelles se trouvent des organismes de réglementation, des experts du secteur, des membres influents des collectivités et des clients. Puis, elle doit comparer ces facteurs à ceux des parties prenantes. Qui dit discordance dit occasion ratée. Pourquoi consacrer des efforts sur quelque chose qui importe peu? Que se passe-t-il si l’entreprise omet un facteur ESG essentiel aux intérêts des parties prenantes principales? La clé réside dans ce rapprochement.
Il sera important de mettre en place des mécanismes pour poursuivre les discussions avec ces parties prenantes.
Ce qu’il faut pour réussir (Schéma 4)
Réduire les écarts
Une fois les données initiales compilées, la haute direction et le conseil d’administration de la société peuvent déterminer les écarts entre la performance ESG actuelle et les objectifs, ainsi que les indicateurs nécessaires pour mesurer le rendement. La comparaison des objectifs de la société à ceux des organisations hautement performantes peut s’avérer utile pour déterminer les indicateurs et rester sur la bonne voie. C’est également le moment de déterminer les cadres et les normes à mettre en place et de trouver les bonnes raisons qui appuient ces choix.
La culture est la force qui définit la méthode de travail. Si l’entreprise s’engage à traiter des questions ESG, sa culture risque de devoir changer. Voici une liste de questions à se poser lors de la conception d’un plan ESG durable et efficace.
- À quel point la mentalité et les comportements du conseil, de la direction et des employés doivent-ils changer pour atteindre les objectifs fixés?
- Quel est le message que la direction de la société X veut transmettre à ses employés, à ses fournisseurs et à ses clients? Quels sont les changements et pourquoi?
- Qui aura la responsabilité de mener la transition pour arriver au résultat souhaité?
- Les compétences techniques sont-elles en place pour appuyer la conception et la réalisation de programmes qui changeront la donne?
- Si la diversité, l’équité et l’inclusion constituent une priorité, existe-t-il une base de faits exhaustive qui recense les problèmes les plus importants et les parties les plus touchées, ainsi qu’une feuille de route pour les résoudre?
- Comment les données seront-elles recueillies pour suivre les indicateurs qui ont été fixés? Où seront-elles sauvegardées? Qui y aura accès? Comment seront-elles déclarées?
Une restructuration organisationnelle bien réelle
La principale pierre d’achoppement à la mise en place d’un solide programme ESG est la nécessité de faire correspondre les éléments à considérer aux activités et aux conversations axées sur la conformité, notamment la conformité environnementale (surtout les émissions de GES). Sans aucun doute, la conformité est essentielle, mais les facteurs ESG sont bien plus complexes. Non seulement doivent-ils être communiqués, mais en plus, ils doivent être appuyés par des gestes concrets pour montrer l’engagement.
Au fond, pour atteindre l’excellence ESG, il est question de stratégie d’affaires, de culture et d’efficacité organisationnelle. Il faut changer les habitudes et la façon de faire. Il s’agit d’une restructuration organisationnelle qui mènera à de nouvelles méthodes novatrices pour créer des produits et des services, et qui va bien au-delà de la conformité environnementale.
Pour en apprendre sur la façon de mettre en œuvre une stratégie ESG durable, communiquez avec Mary Larson, associée, Consultation à l’adresse [email protected]