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Pendant qu’elles attendent que la pandémie ne soit plus qu’un mauvais souvenir, les entreprises québécoises auraient avantage à se prémunir contre les risques de fraude financière. En effet, un récent sondage de MNP mené auprès des propriétaires et dirigeants d’entreprises montre qu’ils n’ont pas revu leurs perspectives et pratiques malgré l’augmentation marquée du nombre de cas avérés et possibles de fraude.
L’application de mesures de prévention et de dissuasion doit être proactive et permanente, et commence par une bonne connaissance des risques de fraude et des vulnérabilités. Dans le contexte actuel, ne pas être au fait des risques de fraude peut exposer les entreprises à d’autant plus de menaces, surtout si leur attention est ailleurs.
Quels sont les risques de fraude financière et comment sont-ils perçus par le milieu des affaires québécois? Pour le savoir, nous avons sondé 250 propriétaires et dirigeants d’entreprise de régions et secteurs divers.
Comment percevez-vous le risque de fraude financière? Nos constats pourraient vous surprendre.
hautPerception erronée du risque de fraude
D’entrée de jeu, on constate une sous-estimation manifeste du risque de fraude partout au Québec. En effet, 80 % des répondants estiment que le risque de fraude financière au sein de leur entreprise est faible ou modéré. Seulement 20 % le perçoivent comme élevé.
Les propriétaires sont les plus susceptibles de croire que leur entreprise est exposée à un risque élevé de fraude, ce qui se comprend compte tenu de leur investissement personnel et financier. Il n’en reste pas moins que seulement 30 % d’entre eux ont exprimé cette crainte.
Cette confiance procure un « faux sentiment de sécurité, prévient Corey Anne Bloom, leader du groupe Juricomptabilité et soutien en cas de litige de MNP pour la région de l’est du Canada (Québec, région de la Capitale-Nationale et Canada atlantique). « Les entrepreneurs et les entreprises au Québec ne comprennent pas le risque de fraude, constate l’associée. Ils ne sont vraiment pas au courant de ce type de risque. »
Le plus surprenant n’est pas que le degré de risque perçu plonge quand on s’adresse aux dirigeants non propriétaires, mais plutôt l’ampleur de la chute. Seulement 15 % environ croient leur entreprise exposée à un risque élevé, soit moitié moins que les propriétaires qui y possèdent un investissement.
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, la vigilance semble s’émousser plutôt que s’aiguiser avec l’âge. En effet, plus un répondant est âgé et occupe son poste depuis longtemps, plus il a tendance à considérer le risque de fraude comme faible et moins il juge que la situation se détériore. À l’inverse, les répondants jeunes et en poste depuis peu considèrent le risque de fraude comme élevé et jugent qu’il s’aggrave.
Que faut-il faire?
Éviter la complaisance
Sans surprise, dans notre étude, les employés plus jeunes et moins expérimentés ont généralement tendance à considérer le risque de fraude comme élevé au sein de l’entreprise et à juger que les contrôles y sont insuffisants.
Il serait facile de passer cette perception sur le compte de la naïveté ou de l’inexpérience. Cependant, la vision de ces employés n’est pas sans fondement et il ne serait pas mauvais de revoir les vieilles pratiques. Un regard curieux et critique sur sa situation est la clé de voûte de tout cadre de prévention de la fraude efficace. Il ne faut rien tenir pour acquis.
L’angle mort
Autre révélation : le décalage entre les fraudes dont se souciaient le plus les répondants et celles qui guettaient le plus leur entreprise dans la réalité.
Notons d’emblée que très peu de répondants ont estimé leur degré de risque à plus de 7 sur une échelle de 10, et ce, dans toutes les catégories. Avec une note moyenne pondérée de 5 sur 10, les répondants ont placé le vol de propriété intellectuelle (vol de données, espionnage industriel) et l’inconduite au travail (abus de pouvoir, harcèlement) en tête de liste des risques perçus. Par contre, ces deux types de fraudes ne sont pas nécessairement les plus répandus si on regarde les études sectorielles, les mandats antérieurs de MNP et les réponses aux sondages effectués auprès d’entreprises victimes.
En effet, selon des données historiques tirées notamment du 2020 Report to the Nations (Rapport aux nations 2020, en anglais seulement) de l’Association des examinateurs certifiés de fraude (ACFE), c’est plutôt le détournement de fonds qui vient en tête, bien que les répondants l’aient placé en dernier avec une note moyenne pondérée de 3,9 sur 10. Les données analysées vont globalement dans ce sens, le détournement de fonds étant le type de fraude le plus courant parmi les entreprises (39 %).
Simon Gaudreau, directeur en juricomptabilité chez MNP, donne quelques exemples de détournement de fonds effectués par l’intermédiaire du système de paie. « J’ai vu des employés se créer de faux profils dans le système de paie pour recevoir un deuxième paiement. D’autres fraudes ont été détectées du côté des demandes de paiement des heures supplémentaires, qui n’avaient pas été vérifiées. » Il affirme avoir vu dernièrement des cas où les employés s’étaient fait payer plus de 24 heures pour une même journée.
Le vol d’information confidentielle et de propriété intellectuelle et les décaissements frauduleux se partagent le second rang des fraudes les plus souvent confirmées, représentant chacun 32 % des cas. Il est intéressant de noter que les répondants ont placé ce dernier type de fraude au bas de l’échelle, avec une note moyenne pondérée de 4 sur 10.
« Cette perception erronée au sujet de la fraude met les entreprises à risque : elle augmente la possibilité qu’il y ait des angles morts et des lacunes dans la gestion des mesures pour contrer la fraude, précise Mme Bloom. En moyenne, les pertes imputables à la fraude représentent 5 % des revenus d’une entreprise, d’après les estimations de l’ACFE. Les entreprises doivent connaître leurs points faibles et s’éduquer sur les mesures à prendre pour faire contrepoids à cette hausse du risque de fraude. »
Que faut-il faire?
Évaluer régulièrement les risques
Votre entreprise évolue constamment. Le moindre changement peut avoir des répercussions monumentales sur le profil de risque global.
Des évaluations annuelles ou semestrielles des risques vous aideront à faire ressortir les secteurs vulnérables de votre entreprise. Elles peuvent aussi contribuer à débusquer la fraude et réduire du tiers les pertes totales qui en découlent.
Manque de contexte pour l’évaluation du risque par les pairs
Les répondants tendent dans une grande proportion à considérer leurs propres risques de fraude comme plus faibles que ceux de leurs concurrents ou d’autres secteurs d’activité. Ce constat s’aligne sur les résultats de recherches en sciences sociales sur les effets de l’illusion de supériorité (tendance à se considérer au-dessus de la moyenne, en angalis seulement) et d’une étude antérieure de MNP où les répondants estimaient que les fraudes étaient toujours pires ailleurs.
En ce qui concerne le risque de fraude, près des deux tiers des répondants (60 %) se placent sur un pied d’égalité avec leurs concurrents, tandis que 20 % s’estiment moins à risque. On observe des résultats comparables dans d’autres secteurs d’activité, où 81 % des répondants placent leur degré de risque dans ou sous la moyenne. En somme, les répondants estiment que les risques sont toujours plus élevés chez le voisin.
« Les gens croient à tort que la fraude ne les touche pas, mentionne Mme Bloom. Tout le monde pense que ça se passe chez les autres, jamais dans sa cour. Ils s’imaginent que c’est pire chez les concurrents. Même à l’intérieur d’une même entreprise, on entend parfois que c’est pire dans un autre service. »
Les données indiquent aussi que la taille joue sur la perception : plus une entreprise est grande, plus ses risques perçus sont faibles. Dans le groupe des entreprises de moins de 100 employés, environ le tiers (32 %) perçoivent leurs risques comme moins élevés que dans d’autres secteurs d’activité. Cette perception est partagée par 46 % des entreprises comptant entre 100 et 600 employés.
hautMinimisation des répercussions de la pandémie
Étant donné l’ampleur des changements provoqués par la pandémie de COVID-19 – télétravail, mises à pied, transformations technologiques, nouveaux modèles d’affaires, bouleversements logistiques, etc., on pourrait s’attendre à voir une hausse des risques perçus. Ce fut bien le cas, plus du quart des répondants (27 %) ayant indiqué que leur entreprise était exposée à davantage de risques qu’au début de 2020.
Il est surprenant de constater cependant que plus de la moitié (57 %) croient que leurs risques sont absolument les mêmes qu’avant; qui plus est, près d’un sur cinq (16 %) estiment même que leurs risques ont diminué. Ces perceptions divergent nettement de l’étude de l’ACFE, qui fait état d’une hausse de la fraude pour plus de la moitié des entreprises depuis le début de la pandémie, et des observations de l’équipe de juricomptabilité de MNP.
« Au début de la pandémie, des entreprises ont été contraintes de remercier une partie de leurs employés, rappelle Mme Bloom. Or, certains d’entre eux effectuaient parfois des tâches de contrôle antifraude, qui sont tombées entre deux chaises. »
« L’adoption du télétravail a ouvert de nouvelles brèches, notamment avec la signature numérique. Cette réalité apporte plus de risques de fausses signatures ou de contrats signés par la mauvaise personne », renchérit M. Gaudreau.
Compte tenu du manque généralisé d’évaluations des risques et de mécanismes de signalement (voir plus loin), cet écart apparent peut être attribuable au défaut des entreprises de réévaluer les risques de fraude dans un contexte pandémique et postpandémique.
hautEntre réalité et perception, un fossé
Le portrait le plus révélateur est celui qui ressort de la comparaison de l’auto-évaluation du risque de fraude par les entreprises et des fraudes dont elles ont fait l’objet. Il semble en effet que les entreprises qui ont déjà été victimes de fraude sont plus susceptibles de considérer le risque de fraude comme étant élevé, tandis que les autres n’ont vraisemblablement pas relevé de fraudes davantage par ignorance que par sentiment d’invulnérabilité.
Rappelons que 80 % des entreprises estiment que leur risque de fraude est faible ou modéré, tandis que seulement 62 % des répondants peuvent dire avec certitude ne pas avoir été victimes de fraude. De plus, une entreprise sur cinq ne sait pas si elle a été victime de fraude (9 %) ou le soupçonne sans pouvoir le confirmer (12 %).
Selon nos constats antérieurs, plus d’une entreprise sur cinq a effectivement déjà été victime de fraude financière. Ajoutons que les experts de MNP s’entendent pour dire que le nombre réel de fraudes financières est probablement plus élevé que ce que laissent supposer les rapports, puisque nombreux sont les cas qui n’ont été ni détectés ni signalés.
Dans les entreprises où une fraude a déjà été détectée (17 %), 59 % des cas sont survenus au cours des trois dernières années, et plus de la moitié d’entre elles ont signalé plus d’un cas.
Manque de préparation
Malgré le haut degré d’incertitude entourant les cas de fraude passés ou présents à la section précédente, près de quatre entreprises sur cinq (78 %) se disent aptes à détecter et à prévenir la fraude ou à y réagir. Sur une échelle de 10, les répondants notaient plutôt bien leurs mesures de contrôle internes, à 7,3 en moyenne. Près du quart (23 %) donnaient une note entre 9 et 10 (la meilleure) à leur préparation, et près de la moitié (47 %), entre 7 et 8.
Seulement 6 % des répondants considéraient leurs mesures de contrôle comme hautement inefficaces (notes entre 1 et 4), ce qui est frappant quand on pense aux 10 % des répondants qui ne savaient pas quelles mesures leur entreprise prenait pour prévenir la fraude.
Près de la moitié des répondants (46 %) ont admis ne pas évaluer les risques de fraude, un sur quatre (26 %) disant n’avoir jamais mené d’examen externe des risques de fraude et un autre 25 % ne pas en avoir mené dans les 12 derniers mois.
Dans la même veine, deux tiers (64 %) des entreprises qui ont procédé à une évaluation des risques de fraude au cours de la dernière année ont indiqué que leurs risques étaient élevés, soit plus du triple par rapport à l’ensemble des répondants et plus du double par rapport aux propriétaires.
hautDécalage entre les tactiques et les pratiques exemplaires
Les audits et vérifications sont deux des mesures les plus citées pour détecter et prévenir la fraude. En effet, un répondant sur cinq (18 %) a dit confier les audits et vérifications à un comptable agréé externe. Une même proportion (18 %) a indiqué avoir en place un système de double approbation et vérification ou un processus de vérification quotidienne (17 %) pour vérifier les mouvements de fonds.
Il n’en reste pas moins que ces mesures en elles-mêmes sont insuffisantes, à la lumière de l’expérience de MNP et du rapport de l’ACFE, qui souligne que seulement 4 % des fraudes détectées le sont dans le cadre d’audits indépendants.
Rappelons que c’est sur la direction que repose la responsabilité première de la prévention et de la détection de la fraude. Certes, les auditeurs jouent un rôle capital, mais leur responsabilité consiste à donner une assurance raisonnable que les états financiers sont de façon générale exempts d’anomalies significatives, que celles-ci résultent de fraudes ou d’erreurs. Les seuls audits et vérifications confiés à des auditeurs indépendants sont insuffisants pour détecter la fraude.
Quelles sont les pratiques les plus efficaces? Selon l’étude de l’ACFE, plus de deux cas de fraude sur cinq (43 %) sont détectés à la suite d’un signalement. Pourtant, seulement un répondant sur cinq (20 %) dit avoir mis en place un mécanisme de signalement, et moins d’un sur dix (9 %), un système de détection ou de surveillance pour signaler les activités suspectes.
Encore une fois, soulignons que 80 % des répondants affirment que leurs risques de fraude sont faibles ou modérés, que 83 % disent ne pas avoir fait l’objet de fraude ou ne pas le savoir avec certitude. Autre donnée intéressante à souligner : 80 % n’ont aucun écho de leurs employés possiblement parce qu’ils ne leur offrent pas de ligne de signalement ou d’autres solutions.
Que faut-il faire?
Mettre en place une ligne de signalement
Rassurez-vous, la majorité des gens sont remplis de bonne volonté : l’employé, le client et le fournisseur moyens ne veulent pas être complices d’actes illicites. Selon le rapport 2020 de l’ACFE, 43 % des fraudes sont détectées grâce au signalement d’un dénonciateur.
Plus du deux tiers (64 %) des entreprises dotées de lignes de signalement et d’autres structures officielles ont mis au jour un cas de fraude. Près de la moitié de ces cas (49 %) ont été détectés à la suite d’un signalement dans les entreprises dotées de tels mécanismes, contre moins du tiers (31 %) dans les entreprises qui n’en ont pas. Les entreprises dotées de mécanismes de signalement ont réduit de six mois en moyenne le temps écoulé avant que la fraude ne soit détectée et de moitié (49 %) les pertes subies.
Manque de formation des employés
Environ le tiers des entreprises sondées ont indiqué donner de la formation sur la fraude et l’éthique à leurs employés. Encore plus surprenant : moins de la moitié (48 %) de la formation a été donnée au cours de l’année civile précédente. Près de deux entreprises sur cinq (39 %) n’ont pas du tout donné de formation en matière de fraude et d’éthique à leurs employés ou n’en ont pas donné au cours des trois dernières années.
Le portrait devient encore plus inquiétant quand on regarde qui a suivi la formation. Ce sont les dirigeants qui affichent le plus haut taux de présence (78 %), loin devant les gestionnaires (53 %) et les autres employés (44 %). Les propriétaires forment le groupe le moins assidu avec un taux de présence de 41 %.
« La formation est un bon moyen d’atténuer le risque de fraude, soutient Mme Bloom. Il est essentiel pour les employeurs de vérifier les antécédents des employés embauchés – surtout ceux appelés à s’occuper des systèmes les plus névralgiques, comme la paie. »
L’absence de formation ciblée pour la haute direction et pour les employés qui n’exercent pas de fonctions de direction est stupéfiante pour plusieurs raisons. Selon M. Gaudreau, inculquer aux propriétaires une bonne connaissance des pratiques exemplaires en matière de prévention de la fraude et d’éthique est capitale pour définir les risques et faire valoir l’application de mesures préventives dans toute l’entreprise. C’est aussi une façon de montrer l’exemple et de sensibiliser tous les employés.
Par contre, en ne ciblant pas les employés qui n’exercent pas de fonctions de direction, on exclut une partie importante de la main-d’œuvre, affirme M. Gaudreau. Une formation adaptée peut dissuader les employés de commettre une fraude. Elle peut également leur donner les moyens de repérer les cas de fraude et de les signaler.
« Les employés peuvent être autant le fer de lance que le maillon faible de la lutte contre la fraude, ajoute-t-il. Tout dépend de la formation. » En effet, un employé qui connaît bien les risques de fraude sera mieux outillé pour signaler les activités suspectes, ce qui nous ramène à l’efficacité d’une ligne de signalement (voir la figure 7).
Comme les mécanismes d’évaluations des risques, la formation sur la lutte contre la fraude a un effet important sur la façon dont les répondants au sondage évaluent leurs risques de fraude. Les trois quarts (73 %) des répondants qui ont donné de la formation sur la lutte contre la fraude au cours de la dernière année ont indiqué que leur degré de risque était élevé (+53 % par rapport à la valeur de référence). Seulement 5 % des répondants qui n’ont pas donné de formation sur la lutte contre la fraude ont fait de même (-15 % par rapport à la valeur de référence).
Que faut-il faire?
Ne pas lésiner sur la formation
La formation vient accroître les chances que les employés signaleront la fraude et contribueront du même coup à la débusquer. La formation sur la fraude donnée aux employés peut réduire du tiers (33 %) la durée d’une fraude et les coûts qui s’y rattachent. Toutefois, pour être efficace, la formation doit être régulière et s’intégrer à l’expérience générale des employés.
Les responsabilités professionnelles et personnelles accaparent l’attention des employés. C’est pourquoi les employeurs doivent veiller à maintenir la fraude et l’éthique à l’avant-scène en tout temps. Pour que les risques, les signaux et les pratiques exemplaires soient connus, il faut les rappeler régulièrement.
Le roulement au sein du personnel est un autre phénomène qui prend de l’ampleur, d’où l’importance de la formation régulière. Selon des données de l’OCDE, près de deux Canadiens sur cinq ont quitté leur poste dans les trois ans suivant leur entrée en fonction entre 2017 et 2020, ce qui ajoute du poids à l’argument d’intégrer de la formation sur la fraude et l’éthique lors de l’accueil des employés et en cours d’emploi.
Des leçons qui restent sans écho
Dans le groupe des répondants qui ont été victimes de fraude, près de trois cas sur cinq (59 %) sont survenus dans les trois dernières années. Rappelons d’ailleurs qu’une entreprise sur cinq a déjà fait l’objet de trois fraudes auparavant et que 10 % en ont été victime quatre fois ou plus.
Les entreprises qui ont été victimes de fraude, même si elles sont plus susceptibles de s’attribuer un degré de risque élevé, ne sont pas nécessairement plus prudentes et n’ajustent pas plus leurs pratiques. Près d’une entreprise sur dix (8 %) n’a apporté aucun changement à ses pratiques pour prévenir la répétition d’un tel incident, et moins de deux cas sur cinq (38 %) se sont soldés par une cessation d’emploi.
Seulement une entreprise sur quatre (25 %) a procédé à une enquête interne pour connaître les causes, l’étendue et les mécanismes de la fraude, et moins du tiers (31 %) a signalé l’incident à la police.
La réponse la plus courante est la révision ou la création de politiques et procédures pour mieux détecter et prévenir la fraude. Encore là, seulement 40 % des entreprises ont effectivement agi en ce sens. Beaucoup moins nombreuses (26 %) sont celles qui sont allées plus loin : réviser leurs politiques et procédures pour mieux traiter les cas de fraude détectés. La formation supplémentaire (28 %) et une nouvelle évaluation du risque de fraude (17 %) sont des mesures moins courantes, mais, d’après l’expérience de MNP, non moins nécessaires pour assurer l’application efficace des politiques et procédures révisées.
Il est relativement surprenant de constater que seulement 17 % des entreprises qui ont déjà été victimes de fraude ont fait appel aux services d’une équipe de juricomptables pour en établir la cause et l’étendue. Cela dit, cette mesure est la plus courante auprès des entreprises en exploitation depuis cinq ans ou moins. On pourrait y voir un manque de confiance dans les politiques et procédures internes. Par contre, la corrélation entre la perception du risque chez les répondants plus âgés et ceux en poste depuis longtemps (voir plus haut) explique probablement mieux le phénomène.
Que faut-il faire?
Recourir à des conseillers externes
Chaque organisation a des angles morts : avoir le nez dans les politiques, les pratiques, les contrôles et les méthodes de détection finit par créer des œillères et brouiller l’objectivité.
Il n’est donc pas mauvais de recourir à un conseiller externe compétent pour évaluer les mesures de prévention de la fraude et relever les failles à combler. Un bon conseiller saura donner de l’information pertinente sur les tendances émergentes, proposer des mesures de prévention qui valent leur coût et même servir d’intermédiaire impartial pour recevoir et transmettre les signalements.
Si vous soupçonnez une fraude dans votre entreprise, il est important d’agir vite pour limiter les pertes, neutraliser le fraudeur et prévenir d’autres cas semblables. Les spécialistes de la juricomptabilité sont tout désignés pour déceler les irrégularités et autres activités suspectes qui passeraient autrement inaperçues.
Et maintenant?
Dans son 2020 Report to the Nations, l’ACFE fait état d’un nombre affolant de fraudes : 2 504 cas dans 125 pays en 2019, totalisant 3,6 milliards de dollars en pertes. Près de la moitié des cas sont survenus au Canada et aux États-Unis, la perte médiane par cas se situant à 120 000 dollars. Rappelons que ces données brossent le portrait d’un monde pré-COVID-19.
Le fait qu’une entreprise n’a pas détecté de fraude ne signifie pas qu’elle n’en a pas déjà été victime, ou même qu’il n’y a pas un stratagème en cours qui passe inaperçu. En effet, toujours selon le rapport de l’ACFE, une fraude passe inaperçue pendant 14 mois en moyenne avant d’être découverte. Dans près d’un cas sur cinq (17 %), la fraude s’est poursuivie pendant plus de trois ans. Notre sondage révèle non seulement que la majorité des entreprises québécoises sont mal outillées pour détecter la fraude, mais qu’elles ne surveillent pas les secteurs où elle est le plus susceptible de se produire.
La fraude est répandue dans tous les secteurs, quelle que soit la taille de l’entreprise. Nos constats indiquent qu’il en est de même pour l’ambivalence à l’égard du risque. La COVID-19 a changé la façon de faire des affaires et de travailler, de même que les raisons et les possibilités de commettre des actes frauduleux.
Notre étude a relevé des tendances troublantes auxquelles les entreprises du Québec et du Canada devront porter attention pour se protéger de la fraude et s’en remettre. La bonne nouvelle : il y a plusieurs mesures claires et concrètes que les dirigeants peuvent prendre dès aujourd’hui pour améliorer considérablement leur capacité à détecter la fraude et à en réduire la probabilité et la gravité.
Les membres de l’équipe Juricomptabilité et soutien en cas de litige travaillent de près avec des clients de toute taille et dans tous les secteurs pour prévenir la fraude, dissuader les fraudeurs, enquêter et détecter la fraude. Notre expérience nous distingue quand vient le temps de protéger et préserver vos actifs et vos intérêts contre l’inconduite et la fraude.
Coordonnées
Si vous avez des questions sur le sondage ou si vous voulez en savoir plus sur nos services, communiquez avec :
Corey Bloom, FCPA, FCA, CA•IFA, CFE, CFF, membre émérite de l’ACFE
Associée et leader pour l’Est du Canada, Québec, région de la Capitale-Nationale et atlantique, Juricomptabilité, enquêtes, différends et soutien en cas de litige
514.228.7863
[email protected]
Simon Gaudreau, CPA auditeur, CFF, CFE, FIS
Directeur, Juricomptabilité, enquêtes, différends et soutien en cas de litige
514.906.4641
[email protected]