Cet article a été initialement publié dans Le Monde Juridique. Il a été reproduit avec l’autorisation de l’auteur.
La fraude financière au Canada continue de croître et, conséquemment, de créer de plus en plus de victimes au Canada. Radio-Canada a récemment publié un article[1] indiquant que le Canada était la « cible de choix » pour les fraudeurs internationaux. La question devient alors : est-ce vrai, et si oui, pourquoi?
Statistiques récentes
Le Centre antifraude du Canada (« CAFC ») souligne d’importantes hausses des pertes dues à la fraude : les pertes signalées sont passées de 383 millions de dollars en 2021 à 530,4 millions de dollars en 2022. Ce chiffre a encore augmenté en 2023, atteignant 569 millions de dollars.
2021 | 2022 | 2023 |
---|---|---|
383 millions $ | 530,4 millions $ | 569 millions $ |
Il convient de noter qu’il s’agit simplement des cas de fraude signalés, car les pertes sont plus élevées en réalité. De plus, ces chiffres regroupent généralement les cas signalés de fraude externe, mais ne comprennent pas toujours les cas de fraude interne ou les cas de collusion avec des parties externes.
Pourquoi le Canada est-il une cible?
« Les criminels adorent le Canada », selon ce même article. Les auteurs mettent en évidence que les « Canadiens sont amicaux, relativement riches, ont un taux d’épargne relativement élevé et des dispositions de retraite assez bonnes ». Cela fait des Canadiens et des entreprises canadiennes de toutes tailles des cibles privilégiées.
Lorsque nous discutons de fraude financière avec nos pairs aux États-Unis, ils notent souvent que leurs fraudeurs se concentrent également sur le Canada, car le manque de sévérité de la législation fédérale et l’absence des peines d’emprisonnement et des peines financières font du Canada un pays facilement ciblé.
L’évolution des types de fraudes
Il est important de noter que la fraude n’est pas statique. Bien que certains stratagèmes frauduleux puissent se répéter, la façon dont ils sont menés a évolué au fil des ans. Prenons l’exemple de fraude liée à l’investissement. Les formes traditionnelles, comme les Ponzi, utilisaient des tactiques de vente parfois agressives et parfois stratégiques pour promouvoir des investissements frauduleux et sans valeur ou aux valeurs minimes. Bien que des combines à la Ponzi et des stratagèmes de vente pyramidale en personne soient toujours signalés, la fraude liée à l’investissement a évolué avec l’émergence de la cryptomonnaie. En 2023, le CAFC estime que les fraudes liées aux cryptomonnaies représentaient plus de 50 % des 309 millions de dollars de pertes déclarées en tant que fraude liée à l’investissement. Les fraudeurs publient des annonces sur les médias sociaux et attirent les investisseurs par courriel et au moyen de faux profils sur des sites de réseautage social et de rencontre.
La fraude liée aux services est un autre exemple de cette évolution et comprend les services de nettoyage, la revente frauduleuse des logements, des sites web frauduleux liés à l’immigration et d’autres services. Bien que les fraudeurs utilisent toujours des méthodes de sollicitation traditionnelles tel le téléphone, ils utilisent également les médias, les réseaux sociaux, la sollicitation par courriel et les publicités frauduleuses.
Les sociétés ciblées
Comment ces changements affectent-ils les sociétés? Les sociétés canadiennes sont-elles plus susceptibles d’être victime de fraude financière? Qu’en est-il des mesures prises par les entreprises pour contrer la fraude par rapport à leur perception de fraude financière? Un sondage mené par MNP auprès de dirigeants d’entreprises démontre que seulement 3 % des répondants perçoivent le risque de fraude financière comme étant très élevé pour leur société et que presque la moitié d’entre eux sont d’avis que le risque est faible ou très faible. Cela augmente leur probabilité d’être ciblé et accroît leur risque de devenir des victimes de fraude financière si des mesures antifraudes solides ne sont pas mises en place. Les dirigeants doivent promouvoir la tolérance zéro pour les comportements frauduleux au sein de leur entreprise. Ils doivent veiller à ce que tous connaissent les signes avant-coureurs d’une fraude et savent comment intervenir s’ils se manifestent.
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Corey Bloom, FCPA, CPA•EJC, CFE, CFF, membre émérite de l’ACFE
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