Cet article a été publié précédemment dans le magazine AL13 et a été reproduit avec autorisation.
Saviez-vous que seul un transfert d’entreprise sur cinq réussit? Autrement dit dans 70% des cas, le succès n’est pas au rendez-vous, et ce en raison de difficultés essentiellement reliées à des facteurs humains. C’est le transfert familial qui se solde le plus souvent par un échec.
Ces statistiques peu encourageantes reflètent une réalité : la plupart du temps les entrepreneurs sont mal préparés, ils s’y prennent trop tardivement ou encore ils ont mal identifié le ou les repreneurs potentiels. Par exemple, certains sont persuadés que l’un de leurs enfants ou un employé clé sera intéressé à prendre le relais, mais sans avoir validé que c’est effectivement le souhait de la personne ni si elle possède les compétences pour le faire. Résultat : une transaction avorte et l’entreprise peut même cesser ses activités faute de relève.
Pourquoi en est-on arrivé là et surtout, comment relever les nombreux défis inhérents à ce processus?
Enjeux à considérer
L’un des problèmes les plus fréquents est le manque de planification ou un « réveil » trop tardif. Habituellement, c’est le cas pour les dirigeants qui s’investissent trop dans les opérations et manquent de perspective à long terme.
Autre difficulté : depuis sa création quelques décennies auparavant, l’entreprise a grossi, passant d’un à plusieurs millions de dollars de chiffre d’affaires. Lorsqu’elles reposent sur les épaules du seul fondateur ou de deux à trois personnes seulement, là non plus la transition ne sera pas facile puisqu’il faut désormais former une relève qui sera en mesure de gérer un tel volume d’affaires. Cela soulève donc des enjeux en matière de gouvernance et de gestion des risques.
Par ailleurs, pour prendre la relève, on compte trop souvent sur des personnes nommées non pas en fonction de leurs connaissances et compétences en gestion, mais plutôt de leur expertise technique (ingénieurs, techniciens, etc.).
Et même lorsque les repreneurs ont été identifiés et sont intéressés, se pose aussi le problème du financement. Un partenaire externe - du capital de risque notamment – voudra s’assurer que la relève possède bel et bien les compétences requises pour assurer la pérennité de l’entreprise. Si ce n’est pas le cas, il pourrait préférer se retirer de la transaction.
Enfin, mentionnons encore que dans le secteur de l’aluminium, on retrouve essentiellement des PME et les enjeux en matière de santé et sécurité au travail et de gestion des risques sont élevés. Citons notamment celui concernant la diversification, lorsque l’essentiel des activités d’une PME repose sur un seul client. Si celui-ci décide de faire affaire avec un autre fournisseur, l’entreprise pourrait devoir fermer ses portes, cela s’est déjà vu!
Pour toutes ces raisons, le choix de la relève qui saura assurer la pérennité de l’entreprise est un processus délicat et complexe qui nécessite réflexion et préparation.
Conseils pour réussir
Alors, comment parvenir à relever ces nombreux défis? Parmi les conditions gagnantes, il est nécessaire de penser à la relève de son entreprise le plus tôt possible, environ cinq à sept ans avant la date souhaitée. Rappelons qu’une relève réussie ne peut se planifier dans l’urgence, il faut donc tenir également compte de facteurs que l’on ne peut contrôler comme notre état de santé.
On devra aussi faire preuve de flexibilité, car il faudra savoir s’adapter ou envisager d’autres options si le plan initialement prévu ne fonctionne pas. Se laisser des portes ouvertes et prévoir des alternatives est donc essentiel.
La pénurie de main-d’œuvre que l’on connaît actuellement risque aussi de compliquer les choses, d’où la nécessité de prévoir le temps nécessaire pour identifier les bonnes personnes et qu’elles aient la possibilité de se préparer à leurs nouvelles fonctions.
Précisons d’ailleurs que ce travail de longue haleine ne s’effectue pas uniquement avec le cédant, mais aussi avec le ou les repreneur(s) qui auront aussi besoin d’être accompagné(s) et guidé(s).
Se faire aider par des professionnels et s’entourer de toutes les expertises nécessaires est aussi un gage de succès. Ici, on ne parle pas uniquement de comptables ni de fiscalistes, mais aussi de spécialistes dans le domaine de la gouvernance, des ressources humaines, des communications, etc., bref, de tous les domaines concernés dans le transfert. En œuvrant de façon conjointe, on met alors toutes les chances de son côté pour réaliser le transfert avec succès.
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Claude Riverin, CRHA, MBA, Adm. A, Pcc
Associé, MNP
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