Cet article a été corédigé avec Deveron, entreprise de technologies et de données agricoles ayant son siège social à Toronto.
Nous voyons se manifester sous nos yeux les effets des changements climatiques et nous prenons conscience de l’urgence d’agir concrètement pour les atténuer.
En janvier 2020, le monde des affaires a franchi un tournant à cet égard. Larry Fink, PDG de BlackRock, la plus grande firme de gestion d’actifs au monde, a publié une lettre ouverte exhortant tous les chefs d’entreprise de la planète à examiner sérieusement leur empreinte écologique et à tout mettre en œuvre pour la réduire.
Depuis, M. Fink et BlackRock sont passés de la parole aux actes. La firme a déclaré que le risque climatique était synonyme de risque d’investissement et a élaboré de nouvelles politiques qui placent les changements climatiques au cœur de ses activités commerciales. Elle s’est également engagée à prioriser les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). La durabilité est devenue le mot d’ordre, tant pour bâtir les portefeuilles que pour gérer le risque, et tous les investissements ne s’inscrivant pas dans cette orientation ont été écartés.
Les sociétés d’investissement et les banques des quatre coins du globe, dont celles d’ici au Canada, lui ont rapidement emboîté le pas. BMO en est un bel exemple. En avril dernier, la banque a annoncé qu’elle aiderait Gibson Energy, l’un de ses plus gros clients, à transformer entièrement une facilité de crédit en un prêt lié à la durabilité.
Les grands joueurs du milieu des finances ayant sonné l’alarme, comment les entreprises peuvent-elles, concrètement, moderniser leur modèle d’affaires et réduire leur empreinte environnementale?
Perspectives de changements
Pour certaines entreprises, il sera assez simple de cibler les changements opérationnels à apporter et de corriger le tir. D’autres, en revanche, devront revoir de fond en comble leurs procédés de conception et de commercialisation. Quelles sont leurs options pour réduire leur empreinte environnementale et améliorer leurs résultats ESG?
Nombre d’entreprises se sont tournées vers la compensation de leurs émissions de carbone. Elles achètent des crédits de carbone auprès d’entreprises qui, elles, sont parvenues à réduire leur empreinte au-delà de leurs besoins ESG et peuvent ainsi vendre leurs crédits excédentaires.
Les exploitants agricoles ont la capacité de participer à ce marché grâce à des techniques novatrices de captage du CO2 qui leur permettraient de faire d’une pierre deux coups : aider la planète et accroître leurs revenus. Malheureusement, ce potentiel demeure sous-exploité, surtout en raison des barrières à l’entrée auxquelles se heurtent les agriculteurs qui voudraient utiliser des techniques de séquestration du carbone.
Deveron, société sise à Toronto qui se spécialise dans la collecte de données agricoles, entend changer les choses.
L’accès au marché des crédits de carbone : un chemin semé d’embûches
Compte tenu de la nature même de leur travail, les agriculteurs devraient être au premier plan des efforts de réduction des émissions de carbone et recevoir une compensation pour leur contribution. Ils peuvent notamment utiliser des techniques comme la culture sans labour et la culture de couverture pendant la saison morte.
En 2021, le gouvernement du Canada a publié son projet de Règlement sur le régime canadien de crédits compensatoires concernant les gaz à effet de serre. Malgré le désir des agriculteurs de participer au processus, nombre d’entre eux ont trouvé le cadre et les restrictions nébuleux et les paramètres irréalistes.
Par exemple, les agriculteurs sont tenus de séquestrer le carbone dans le sol pour une période minimale de 100 ans, faute de quoi ils devront rembourser la valeur des crédits qu’ils auront vendus. Qui plus est, les « activités courantes » ne seront pas admissibles au crédit. Ainsi, les efforts de séquestration du carbone consentis avant l’entrée en vigueur du Règlement ne seront pas pris en considération. Des spécialistes du secteur ont par ailleurs affirmé que ces paramètres seraient difficiles à surveiller et à faire respecter.
Malgré tout, de nombreux exploitants ont déjà adopté des techniques de séquestration du carbone ou prévoient de le faire, mais doivent surmonter un autre obstacle : ils ne disposent pas de la technologie et du personnel pour y parvenir.
Tirer profit de la technologie
Deveron et d’autres entreprises de technologies agricoles ont décidé de s’attaquer à ce second problème. Elles veulent donner aux exploitants agricoles les moyens de séquestrer eux-mêmes le carbone grâce à une main-d’œuvre adaptable ayant à sa disposition des technologies de pointe.
« Deveron est une entreprise de technologies agricoles qui aide les agriculteurs et les agronomes à prendre des décisions éclairées concernant leurs champs. Pour ce faire, nous nous attaquons à un enjeu de taille du secteur agricole : la pénurie de main-d’œuvre, explique Liron Brish, vice-président, Produits et durabilité, chez Deveron. Nous avons la capacité – que bien des agriculteurs n’ont pas – de nous rendre sur le terrain pour recueillir des données d’exploitation. »
Les entreprises canadiennes de technologies agricoles comme Deveron tissent des liens avec les exploitants locaux et leur fournissent la formation et les technologies dont ils ont besoin pour capter eux-mêmes le CO2 tout en respectant la culture et les traditions agricoles de longue date du Canada. Le potentiel financier de la compensation carbone est actuellement de 15 $ par tonne de carbone. M. Brish et d’autres spécialistes croient que ce potentiel pourrait grimper à 50 $, voire 100 $.
« Ces incitatifs encourageront les agriculteurs dans leurs efforts, car ils recevront l’aide financière dont ils auront besoin pour poursuivre leur développement durable », souligne M. Brish.
Les agriculteurs et ingénieurs agronomes canadiens qui adoptent les technologies et les données comme catalyseurs stratégiques ont un avenir prometteur en matière