L’exécution de projets d’immobilisations au sein des collectivités des Premières Nations et des communautés autochtones présente des particularités nécessitant une approche adaptée. Ces groupes doivent souvent relever des défis liés au financement, à la participation communautaire, à la gouvernance, aux facteurs culturels et à la durabilité. Quels sont ces défis et comment les relever?
Améliorer l’accès au financement
Défi
Les Premières Nations et les communautés autochtones ont difficilement accès au financement, car elles sont situées dans des régions éloignées, n’ont pas accès aux voies de financement conventionnelles et composent avec des fonds limités. Les gestionnaires doivent donc déterminer d’autres sources de financement, en plus d’estimer les coûts et d’élaborer des budgets clairs pour garantir la faisabilité du projet et éviter les dépassements budgétaires.
Actions concrètes
Outre les subventions gouvernementales, il faut envisager des partenariats public-privé, des coentreprises, des investissements à retombées sociales et d’autres modèles de financement pour concrétiser un projet d’investissement. Le plus tôt possible, estimez les coûts et élaborez des budgets clairs pour garantir la faisabilité du projet et éviter les dépassements. N’oubliez pas que le financement peut représenter une option intéressante : veillez à réaliser une analyse approfondie afin d’en comprendre les répercussions et de vous assurer que la dette puisse être remboursée. Une approche souple (et parfois volontairement complexe) peut permettre aux communautés d’accéder à du capital et à des ressources indispensables, voire à des compétences clés, dans le cadre d’un partenariat public-privé (PPP), d’un modèle de type conception-construction-financement-exploitation-entretien (CCFEE) ou d’une coentreprise.
Favoriser la participation communautaire
Défi
Les responsables de la direction et de la gestion du projet doivent inclure les membres de la communauté dans le processus décisionnel pour veiller à ce que leurs préoccupations et leurs besoins soient entendus et instaurer un climat de confiance avec les leaders de la communauté. Pour ce faire, il est possible de mener des consultations poussées en misant sur des modes de communication adaptés à la réalité culturelle et d’adopter une approche communautaire de gestion de projet.
Actions concrètes
Sollicitez la participation des membres de la communauté dans le processus de conception en organisant des ateliers et charrettes de conception et en tenant compte de groupes particuliers (aînés, jeunes, membres hors réserve, etc.) pour lesquels vous aurez une approche adaptée et judicieuse. Cette stratégie favorise et promeut un sentiment d’appartenance et de fierté au sein de la communauté; elle garantit que le projet est unique et représentatif des gens, et générera des avantages économiques.
Composer avec des structures de gouvernance complexes
Défi
Plusieurs Premières Nations et communautés autochtones présentent une structure de gouvernance complexe qui peut compliquer la prise de décisions, les processus d’approbation et l’exécution des projets. Les gestionnaires de projet doivent collaborer étroitement avec les leaders de la communauté et les instances dirigeantes pour comprendre le processus décisionnel et se repérer dans les dédales de la gouvernance.
Actions concrètes
Pour mettre en place des structures de gouvernance solides qui reflètent les valeurs, les traditions et les aspirations de la communauté, ralliez les principaux responsables politiques et administratifs qui s’expriment au nom de la communauté et avec lesquels vous pouvez discuter ouvertement. La confiance est un facteur essentiel et vous souhaiterez peut-être vous inspirer de vos expériences des projets d’investissement pour présenter des exemples concrets de problèmes découlant d’une mauvaise gouvernance. Tentez de parvenir à un consensus sur les politiques qui favoriseront la progression du projet de manière stable et transparente. Veillez à ce que les instances dirigeantes, les organismes de réglementation et les bailleurs de fonds participent à la conversation. Votre sensibilité aux réalités culturelles et votre expérience des projets vous placent dans une position idéale pour jouer le rôle de facilitateur et d’intermédiaire dans ce contexte multipartite.
Tenir compte des particularités culturelles
Défi
Les Premières Nations et les communautés autochtones présentent des particularités culturelles qu’il faut respecter et intégrer dans la planification et la mise en œuvre des projets. Les gestionnaires de projet doivent comprendre le contexte culturel, intégrer les pratiques et les protocoles culturels et veiller à ce que le projet soit conforme aux valeurs culturelles et produise un résultat vraiment utile, du point de vue des bénéficiaires.
Actions concrètes
Organisez un atelier avec les leaders de la communauté (chef, conseil et administration) lors de la phase de lancement du projet afin de déterminer l’intégration optimale des valeurs, des traditions et des pratiques culturelles, de promouvoir la revitalisation culturelle et de soutenir le bien-être de la communauté. La participation d’un gardien des savoirs traditionnels ou d’une personne assurant un « lien culturel » est également un bon moyen de veiller à ce que les projets reflètent de façon optimale la culture patrimoniale et traditionnelle de la communauté.
Adopter des pratiques durables
Défi
Inexorablement, la durabilité gagne en importance dans le cadre des projets d’investissement, particulièrement au sein des Premières Nations et des communautés autochtones étant donné le lien étroit qui les unit à la terre, à l’environnement et aux ressources naturelles. Les gestionnaires de projet doivent tenir compte des incidences du projet sur l’environnement, intégrer des pratiques durables et collaborer avec les membres de la communauté pour élaborer des solutions durables.
Actions concrètes
Les volets de la gouvernance et de la conception se prêtent bien à l’adoption d’approches axées sur la durabilité. Lorsque vous examinez les bienfaits et les répercussions d’un projet, songez à l’incidence des pratiques exemplaires concernant les facteurs ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) sur les pouvoirs décisionnels et l’« écosystème des parties prenantes ». Lorsque les fonds le permettent, il est toujours avantageux d’envisager la certification LEED et l’adoption de normes environnementales qui excèdent les exigences minimales du Code de construction. Il est souvent possible d’obtenir un financement supplémentaire accordé pour les projets d’investissement en vue de réduire les répercussions environnementales, d’accroître l’efficacité énergétique et de promouvoir la durabilité économique et écologique à long terme. Faire de la durabilité le cœur du projet favorise la réduction des coûts, l’amélioration du bilan carbone et la saine gérance de l’environnement.
Conclusion
Les pratiques exemplaires reconnues pour la gestion et la mise en œuvre de projets d’infrastructure découlent largement des connaissances et des modes d’existence basés sur des modèles capitalistes et coloniaux. Les systèmes sociaux, politiques et financiers réfléchis et accessoires qui soutiennent les projets suivent donc souvent la même voie jalonnée d’un ensemble tout à fait particulier de défis. Cependant, il existe plusieurs approches excellentes qui conjuguent le leadership autochtone à une gestion de projet efficace pour produire des résultats qui revêtent un sens concret pour les communautés. L’accès au financement demeure l’obstacle principal, mais les options se multiplient et la créativité des modèles de financement contribue à élargir l’éventail des possibilités. Une fois que cette condition sous-jacente est remplie, une collaboration étroite et adaptée aux réalités culturelles avec les leaders et la communauté contribuera à façonner un projet qui sera à la fois valorisé et utile. Enfin, il faut saisir toutes les possibilités d’entreprendre des projets plus harmonieux avec la société et l’environnement naturel, qui offrent de merveilleuses occasions de soutenir l’essor du leadership autochtone au Canada.
Contactez-nous
Pour en savoir plus sur la façon de créer et d’entretenir un projet collaboratif, mûrement réfléchi et réussi qui répond aux besoins actuels et futurs de votre communauté, communiquez avec Mark Machin, planificateur de projets d’investissement, Consultation pour les Autochtones, au 778 374-2137 ou à l’adresse [email protected], ou avec Chris Hild, associé, Consultation, au 604 637-1562 ou à l’adresse [email protected].