*Cette entrevue a été précédemment publiée par la CPA Western School of Business — « A conversation on capacity building within First Nations Communities », qui en a autorisé la reproduction.
En 2021, Carter Wilson s’est joint au groupe Services aux Autochtones du cabinet MNP après avoir obtenu le titre de CPA. Originaire de la Première Nation Peguis au Manitoba, il est aujourd’hui directeur au bureau de MNP à Vancouver. Au sein de l’équipe des Services aux Autochtones, qui offre des services de tenue de livres et de comptabilité en nuage, il aide des gouvernements et des organisations autochtones à accroître les capacités de gestion financière des Premières Nations dans divers territoires, en vue aussi d’améliorer la qualité de vie des membres de la collectivité. Nous nous sommes entretenus avec Carter Wilson pour écouter ses points de vue.
CPA CANADA : Pourquoi avez-vous décidé de faire carrière au groupe Services aux Autochtones de MNP?
CARTER WILSON (CW) : J’ai toujours aspiré à améliorer la qualité de vie des membres des communautés autochtones, car j’ai constaté en grandissant les difficultés auxquelles certains faisaient face. Je crois qu’on a grand besoin de spécialistes en finances parmi les collectivités autochtones et les Premières Nations, et mon travail chez MNP me permet d’aider bon nombre d’organisations autochtones.
CPA CANADA : Quelles sont les particularités de la gestion financière chez les Premières Nations?
CW : Les entreprises et les organisations des Premières Nations font face à davantage de complexité dans leurs affaires courantes. Par exemple, les exigences de financement sont considérables. Il y a aussi l’éloignement des services et le manque de ressources. Même la simple absence d’une banque dans la communauté peut ajouter aux difficultés de la Nation et de ses membres.
La structure et les difficultés de ces organisations peuvent aussi varier grandement selon leur situation géographique et leur accessibilité. Les besoins d’une nation urbaine diffèrent de ceux d’une communauté éloignée, accessible seulement par avion.
CPA CANADA : Quelle est la plus grande difficulté du point de vue de la gestion financière?
CW : C’est sans doute la nécessité de renforcer les capacités au sein des organisations des Premières Nations. Des événements tragiques, comme la rafle des années 60 et le drame des pensionnats autochtones, ont empêché de nombreux membres des collectivités autochtones de faire carrière en comptabilité ou en finance. Il peut donc être difficile de pourvoir des postes de direction en finance au sein d’organisations autochtones.
Bon nombre de gouvernements des Premières Nations avec lesquels nous travaillons préfèrent employer leurs membres, car ces derniers connaissent le mieux leur collectivité. S’ils peuvent assumer en grande partie les tâches comptables et financières, ils sont plus performants qu’un fournisseur externe, grâce à leur connaissance approfondie de la communauté et de ses besoins.
CPA CANADA : Comment renforcez-vous les capacités?
CW : Notre stratégie consiste à développer les compétences au sein des organisations autochtones, tout en aidant ces dernières à répondre à leurs besoins financiers immédiats. À cette fin, nous leur offrons une formation et travaillons avec elles afin de permettre à leurs employés de faire des apprentissages et d’assumer pleinement leur gestion financière.
CPA CANADA : Quels sont les éléments essentiels au renforcement des capacités?
CW : La formation est un facteur important, auquel s’ajoutent deux autres éléments : la culture et la structure organisationnelle.
La formation pratique consiste à encadrer des personnes et des groupes pour leur montrer comment et pourquoi effectuer les tâches financières et comptables. Je n’y participe pas activement, mais j’interviens parfois dans l’intérêt d’un client, habituellement en donnant des conseils d’ordre général afin de faciliter la communication entre les divers services pour la rendre plus fluide.
CPA CANADA : Comment définir la culture de renforcement des capacités que vous préconisez?
CW : C’est une culture où les gens sont en mesure de s’exprimer et de bien communiquer entre eux, ainsi que d’accroître leurs compétences et leur motivation.
Dans une culture de renforcement des capacités, même de petits gestes comptent, comme offrir des conseils et solliciter de la rétroaction, fournie en toute sécurité, dans un climat de confiance. Chacun doit pouvoir poser des questions et demander des précisions sans craindre d’être jugé.
Pour instaurer une telle culture, nous demandons aux organisations autochtones comment elles amènent leurs membres à être en mesure d’assumer des postes de direction. Les font-elles assister à des réunions? Les exposent-elles aux connaissances à acquérir?
CPA CANADA : Qu’en est-il de la structure organisationnelle?
CW : Ici, la question est de savoir si la structure permet aux intervenants de renforcer leurs compétences afin de monter en grade. Bien souvent, nous constatons qu’une organisation n’a pas suffisamment de personnes affectées aux finances et que son équipe est au bout de ses moyens. Dans ce cas, il peut convenir d’affecter une personne de plus à la comptabilité pour que l’équipe ait le temps d’acquérir de nouvelles compétences tout en accomplissant ses tâches courantes.
Souvent, nous aidons nos clients à mieux répartir le travail et à offrir à leur personnel de meilleures occasions d’apprendre en cours d’emploi, sans stress excédentaire.
CPA CANADA : Quels sont les projets d’avenir qui vous tiennent à cœur?
CW : J’ai eu la chance d’être chargé de lancer le réseau d’inclusion autochtone de MNP, lancé sous le nom de réseau Wicihitowin, un mot qui évoque l’entraide, pour rassembler des membres autochtones et non autochtones. Il s’agit de mieux soutenir les personnes autochtones qui travaillent pour le cabinet et de faciliter aussi l’accueil des recrues. Nous en sommes encore aux premières étapes, mais je trouve la démarche gratifiante.
Je tiens à recruter davantage de personnes autochtones chez MNP. Qu’ils travaillent ou non aux Services aux Autochtones, il faut leur donner l’occasion d’explorer de nombreuses possibilités. Cela dit, ceux et celles qui travailleront aux Services aux Autochtones bénéficieront d’un net avantage sur le plan professionnel, comme ce fut le cas pour moi.
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