Les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) ont une importance sans cesse grandissante à mesure que nous comprenons de plus en plus notre incidence sur le monde. Certaines organisations prennent les devants et accordent la priorité aux facteurs ESG dans leur stratégie et leur exploitation pour en démontrer les possibilités aux autres, tout en résolvant les problèmes et en déterminant les leçons à tirer ainsi que les pratiques exemplaires. Le 18 mai dernier, j’ai participé au premier sommet annuel de Women Get on Board pour étudier les facteurs ESG dans le cadre des conseils d’administration.
L’engouement était palpable lors de l’événement, et de nombreuses discussions, questions et connaissances ont été présentées. Je me suis jointe à Justine Hendricks, première vice-présidente et chef du développement durable d’Exportation et développement Canada (EDC), lors d’une discussion informelle sur le cheminement de son organisation à cet égard.
EDC est une société d’État dont la mission est d’épauler les entreprises canadiennes dans la réussite du commerce international en leur fournissant différents services, notamment des conseils, du financement et des assurances. Les facteurs ESG font partie du vocabulaire d’EDC depuis le début des années 1990, et la société a mis sur pied un comité consultatif en la matière il y a plus de 20 ans.
EDC a été la première institution financière au Canada à émettre des obligations vertes, en 2014. Elle figure parmi les premiers organismes de crédit à l’exportation et les premières institutions financières au pays à s’inscrire au Groupe de travail sur l’information financière relative aux changements climatiques, qui a mis au point un cadre permettant aux sociétés ouvertes et aux autres organisations de divulguer les risques et possibilités associés aux changements climatiques. EDC a également été le premier organisme de crédit à l’exportation au monde à annoncer un objectif de carboneutralité.
Mme Hendricks a expliqué que le cheminement lié aux facteurs ESG consiste à mettre un pied devant l’autre et à recommencer. « On a une fondation sur laquelle on continue de bâtir, et à un moment donné, on se retourne et on est émerveillé. »
Le conseil d’administration et la haute direction d’EDC sont investis dans toutes les facettes du sujet. Mme Hendricks a exprimé avoir découvert que le travail dans le monde des facteurs ESG est semblable à l’apprentissage d’une nouvelle langue. La maîtrise de cette langue par les membres du conseil, les cadres et la direction facilite l’intégration des principes ESG au travail quotidien. EDC se sert maintenant d’un cadre de gestion des risques environnementaux et sociaux pour évaluer les risques ESG pour elle et ses clients, et le conseil d’administration s’en sert pour s’assurer que ses décisions ont du sens quant à la durabilité de l’organisation et de ses parties prenantes. Cette année, tous les membres du conseil et certains des membres de la direction ont suivi le cours sur les facteurs ESG de Competent Boards, un engagement intensif et global.
Stratégie et facteurs ESG
J’ai soulevé le fait que le mystère plane toujours concernant la façon de lier stratégie et facteurs ESG. Les cadres se demandent si ces facteurs auront une réelle importance pour leur entreprise, s’ils leur donneront un avantage concurrentiel ou poseront de sérieux risques pour leur organisation. EDC croit fermement que son appui aux entreprises quant aux facteurs ESG aura une forte incidence sur leur résilience et leur réussite.
L’industrie de l’énergie renouvelable est un exemple de la façon dont EDC intègre les facteurs ESG dans son travail avec ses clients. Mme Hendricks a indiqué que l’exportation de panneaux solaires est une occasion en or, mais que 85 % des matières premières dont les panneaux sont composés viennent d’une région en Chine connue pour le travail forcé.
Si une entreprise demandait du financement à EDC pour une excellente occasion relative à des panneaux solaires, EDC l’informerait du problème et collaborerait avec elle pour améliorer la situation ou trouver un nouveau fournisseur. « Il est très peu probable qu’EDC élimine le travail forcé. Notre rôle est de trouver comment améliorer la situation », a déclaré Mme Hendricks.
Innovation et facteurs ESG
Les facteurs ESG ont aussi une influence sur le processus d’innovation d’EDC; Mme Hendricks travaille étroitement avec ses collègues du service de livraison pour veiller à ce que ces facteurs soient au centre du développement de bon nombre des nouveaux produits de la société. Par exemple, l’organisation vient de lancer un nouveau cadre d’obligation comprenant une composante ESG et une autre de financement transitionnel. Mme Hendricks a insisté sur le fait qu’il faut regarder l’innovation des produits sous l’angle des facteurs ESG d’une façon qui correspond aux secteurs d’activité, d’où proviennent les experts.
« L’expertise est nécessaire, mais l’ouverture d’esprit à faire les choses différemment l’est tout autant, a-t-elle indiqué. Les partenaires qui comprennent cela sont plus que prêts à collaborer et à cocréer. »
MNP soutient son travail d’innovation en examinant les chaînes de valeur des sous-secteurs économiques du point de vue des facteurs ESG pour comprendre, à une échelle granulaire et par sous-secteur, les demandes des clients mondiaux et déterminer les problèmes possibles relatifs aux émissions, aux déchets, à l’utilisation de produits chimiques, aux pratiques de travail ou à d’autres facteurs qui pourraient limiter la capacité d’exportation des entreprises. Ces conseils peuvent contribuer à ce qu’EDC crée des services plus innovants et puissants, bien souvent avec ses partenaires, et joue un rôle dans l’amélioration de la durabilité de secteurs d’activité entiers plutôt que de résoudre la question de la durabilité une entreprise à la fois.
Encourager le conseil à participer
Lorsque Mme Hendricks a décroché son rôle en durabilité, elle a discuté avec le conseil d’administration de la pertinence d’un comité sur les facteurs ESG, un point qui confond de nombreux conseils. Les membres du conseil d’EDC ont conclu que ces facteurs sont un sujet des plus stratégiques et que la responsabilité leur revient à tous. En même temps, ils ont mis à jour le mandat de chaque comité en y incluant une composante ESG. Le principe est qu’une fois chaque membre du conseil pleinement investi, il est possible d’attribuer des responsabilités précises.
Conserver une connexion forte
L’une des principales raisons derrière le succès d’EDC relativement aux facteurs ESG est que Mme Hendricks relève du chef de la direction. « Il est essentiel que je sois connectée et que je travaille de concert avec l’entreprise », a-t-elle expliqué. Elle participe à toutes les réunions du conseil, et ce dernier tient des séances distinctes axées uniquement sur les facteurs ESG : apprendre le vocabulaire, comprendre la science et veiller à ce que tous soient sur la même longueur d’onde. Ces facteurs sont devenus le point central des valeurs d’EDC, laquelle est maintenant un chef de file dans ce domaine.
Mme Hendricks a souligné que les normes mondiales évoluent et que l’accent mis sur les facteurs ESG constitue une belle occasion pour le Canada. Il offre un avantage concurrentiel aux entreprises canadiennes qui exercent des activités à l’étranger en plus d’améliorer notre réputation déjà excellente. « Si vous ne vous adaptez pas, vous passerez à côté de ces contrats, a-t-elle fait remarquer. Alors, allez chercher votre part du gâteau. »